Écrit ainsi, cela fait penser à une parodie de complotisme comme s’en amusaient les Guignols de l’info dans les années 90 avec les Chinois du FBI. Et pourtant…
Sur votre tablette et votre ordiphone qui fonctionnent sous Android, vous avez, au mieux, un clavier spécifique à la marque de votre fabricant (Xiaomi, Samsung ou que sais-je encore), au pire le clavier Gboard de Google. Peut-être avez-vous craqué pour le magnifique clavier SwiftKey qui a été racheté par Microsoft il y a quelques années ?
Hé bien ces claviers sont rattachés à votre compte qui est lui-même rattaché à un identifiant publicitaire.
Voilà.
Sérieusement ?
Même si on est un tant soit peu sensibilisé aux dangers liés au capitalisme de surveillance, on ne pourrait, à priori, pas soupçonner un innocent clavier. On lui demande juste d’afficher des lettres en bas de l’écran.
Sauf que ce clavier est programmé pour vous proposer des corrections. Les mots qu’il ne connaît pas, vous pouvez les sauvegarder (le nom de votre ville ou le prénom de vos enfants par exemple).
Et pour vous proposer une expérience utilisateur qui envoie du rêve, votre clavier peut même prédire ce que vous allez écrire en apprenant votre façon de communiquer. En plus c’est ludique puisque de temps à autres, votre clavier vous affiche des statistiques pour savoir quels sont les mots que vous avez le plus souvent écrit, ou ceux qu’il vous a le plus souvent corrigé.
C’est sympa, non ? En plus c’est gratuit.
Mais quitte à retenir des noms propres et des mots récurrents, votre clavier enregistre aussi vos mots de passe ultra sécurisés de 24 caractères, le numéro de carte bancaire que vous avez pris soin de renseigner sur un site marchand, votre numéro de sécurité sociale qui est facilement identifiable entre tous, les adresses des sites web que vous avez visités et à quelle fréquence (même ceux dont vous ne parleriez pas à votre mère). Et cerise sur le gâteau, si vous avez fait l’effort de ne plus utiliser Google comme moteur de recherche, tant que vous continuerez à utiliser Gboard, ça n’aura servi à rien !
Ce qui fait que même si vous utilisez une messagerie privée, sécurisée et chiffrée comme Signal ou Telegram, les GAFAM savent de quoi vous parlez.
Toutes ces données sont bien sûr enregistrées, analysées, rassemblées et archivées dans des datacentres cachés sous des panneaux photovoltaïques voire sous l’océan Pacifique.
Heureusement vous pouvez changer de clavier
Il existe des claviers alternatifs, libres et open-source qui sont juste là pour afficher des lettres afin de vous aider à écrire vos phrases. La base, quoi.
J’en recommande deux en particulier. Il y en a d’autres qui sont tout aussi bien, mais pour ma part, ces deux-là me semblent convenir dans toute situation.
Ils sont disponibles sur F-Droid et Aurora Store, deux sources sûres. Et l’un comme l’autre vous diront ce que vous avez à faire pour les activer.
Fossify Keyboard
Dans la gamme Fossify, ce clavier est ce qu’il y a de plus simple et léger. Choisissez la disposition (AZERTY, BEPO, QWERTY etc.), paramétrez quelques couleurs si vous voulez et roulez.
Ce clavier ne vous proposera rien d’autre : pas de correcteur, pas de prédiction. Juste des lettres, des chiffres et des symboles. Le strict nécessaire, donc.
HeliBoard
Celui-ci est un poil plus complet que le précédent puisqu’il dispose d’un dictionnaire permettant de corriger vos fautes. Vous pouvez indiquer comment il doit corriger, vous pouvez lui apprendre des mots (les noms propres notamment).
Vos données sont stockées sur votre appareil. Pas de cloud, pas de connexion à internet. Si vous le souhaitez, vous pouvez exporter vos paramètres vers un autre appareil.
Qu’attendez-vous ?
Si votre vie privée vous préoccupe, c’est maintenant qu’il faut changer de clavier. On ne le répétera pas assez, mais les GAFAM et leurs concurrents ne sont pas là pour vous faire du bien. Ils sont la ronce qui vous fouette, ils sont le poison qui envenime nos vies et nos relations sociales.
Arrêtez de travailler bénévolement pour eux. S’il vous plaît.
Et parce qu’il fallait bien la placer quelque part, n’oubliez jamais : un clavier azerty en vaut deux 😉