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Et si vous tentiez Mastodon ?

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Aujourd’hui, critiquer Facebook, Instagram et X/Twitter, c’est un peu enfoncer des portes ouvertes. On sait tous que c’est devenu pourri, qu’on perd du temps et de la patience. Pourtant il y a encore beaucoup de comptes actifs qui parviennent, entre deux publications sponsorisées par des entreprises un peu louches, à balancer quelques infos.

Alors on reste pour ne rien rater. On reste pour continuer à surveiller des gens qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on reste parce qu’on ne connaît aucune alternative.

Dans la série des alternatives aux réseaux sociaux qui vous pompent votre temps, votre joie de vivre et vos données personnelles, nous allons nous attaquer à ce bon gros Mastodon.

C’est libre, gratuit, open-source, sans publicité, sans traceurs, sans millionnaires et sans fachos.

Logo du réseau social Mastodon

Mastodon et le Fédivers

Pour commencer, il faut définir ce qu’est le Fédivers. Ce mot, contraction de « fédération » et « univers » regroupe tous les services de réseau qui sont à la fois décentralisés, fédérés et ouverts.

Décentralisés parce qu’ils n’appartiennent pas à une seule entité (une seule entreprise), parce que n’importe qui peut déployer sa propre « instance » depuis son domicile et se charge de gérer l’aspect technique. Associations, collectifs, particuliers, entreprises, fondations… Il y a de tout. Vous n’avez qu’à vous y inscrire.

Fédérés parce que même si votre compte se trouve sur l’instance de Tartempion, cela ne vous empêche pas de discuter avec des membres dont le compte se trouve sur un serveur à l’autre bout du monde, y compris si ledit compte est initialement rattaché à un autre type de réseau social (partage de photos, de vidéos etc.)

Ouverts car votre profil public est accessible sur le web sans avoir besoin d’un compte. N’importe qui peut donc accéder à vos infos et publications publiques. Il est même possible de s’inscrire à votre profil public avec un flux RSS, toujours sans compte ni application.

En gros, pour entrer dans le Fédivers, il vous faut un compte sur le réseau social de votre choix et sur l’instance de votre choix. Le reste se fait au fur et à mesure.

A vous de choisir quel type de réseau social vous convient le plus, en sachant que :

  • Mastodon est plus proche de X/Twitter, BlueSky, Threads…
  • Pixelfed est plus dans la veine d’Instagram
  • Diaspora* reprend le principe initial de Facebook
  • PeerTube, vous l’aurez deviné, se pose en alternative à Youtube

Choisissez votre type de réseau préféré et laissez-vous guider. Vous pourrez créer plusieurs comptes et les relier ensuite les uns aux autres, pas de souci. C’est judicieux, notamment si vous entrez via Mastodon ou Diaspora* qui sont orientés texte (donc légers) et que vous souhaitez partager des photos ou des vidéos (donc lourds), auquel cas il faudra vous rapprocher d’instances Pixelfed (images) ou PeerTube (vidéos).

Pour aujourd’hui, on va se concentrer sur Mastodon.

Principes de base

Mastodon vous permet de :

  • écrire des textes de 500 caractères (et créer des fils si vous êtes bavard)
  • créer des sondages
  • vous abonner à d’autres comptes du Fédivers
  • suivre des comptes et des #hashtags
  • répondre aux publications que vous lisez
  • ajouter des publications à vos favoris
  • apposer un marque-page pour reprendre un fil de discussion, consulter un lien ou une vidéo plus tard
  • booster une publication, c’est à dire la partager sur votre propre fil

Lorsque vous déclenchez une interaction avec une publication ou une personne, celle-ci reçoit une notification.

L’interface tient rarement compte du nombre d’interactions que les publications ont suscitées. Vous n’êtes pas tenté de vous noyer dans la masse et de faire comme 156 autres « amis » ou 2587465 autres « mastonautes. » Faites juste ce qui vous plaît, suivez ce que vous aimez. Pas la peine d’en faire tout un fromage.

La netiquette Mastodon

Chaque instance définit ses propres règles, sachant qu’il y a des fondamentaux à respecter pour intégrer le Fédivers : comportement jovial, pas de propos haineux, injurieux, discriminatoires… et ça change de Facebook et Twitter qui sont devenus de sacré repères à fachos.

La netiquette la plus parlante est, selon moi, celle qui incite (pour ne pas dire impose) à chaque personne qui poste une image ou une photo d’y joindre un texte alternatif à destination des personnes malvoyantes. C’est un point important car Mastodon fédère une communauté des oubliés du capitalisme galopant. Vu qu’ils sont là, ils n’ont pas l’intention d’être oubliés à nouveau. Et ils ont bien raison de rappeler que la moindre des politesse, sur le Fédivers, c’est de mettre un texte alternatif à toute image postée. On prend le temps de le faire avec soin. Ca limite les publications compulsives.

La pseudonymisation est parfaitement tolérée. Et pour ma part j’aurais envie de dire encouragée. Sortez votre vieux pseudonyme rigolo, gardez votre âme d’éternel adolescent… ou pas, mais dans ce cas ne le reprochez pas à ceux qui le font, car eux ne vous reprocheront pas d’avoir mis votre véritable prénom et de vous comporter comme quelqu’un qui n’aurait rien à cacher.

Autre habitude à avoir : on se signale si on est un bot. Car oui, vous pouvez créer un bot pour publier sur Mastodon. Ce sera d’ailleurs probablement le cas de la plupart des comptes que vous auriez envie de retrouver si vous venez d’un autre réseau social. La moindre des choses, c’est de dire honnêtement que le compte est géré par un robot. Ca ne le rendra pas moins attirant si le contenu est de qualité.

Chaque personne qui créé son compte est invitée à épingler un message comportant le hashtag #introduction dans lequel elle se présente rapidement (500 caractères max !). Il en devient plus facile pour tout le monde de savoir avec qui on parle. Il est courant également de définir soi-même les pronoms que l’on veux que les autres utilisent pour parler de vous : Il/Lui ? Elle/Elle ? Iel/Ellui Ou autre chose encore ? Ca vaut aussi le coup de le mettre en anglais.

Limites du système

La première limite qui se pose et qui est souvent rédhibitoire pour qui vient d’un réseau social publicitaire : tant que vous n’avez pas eu d’interactions, vous ne verrez rien et c’est franchement flippant et décourageant. Avant de plonger dans le Fédivers, il faut créer du contenu, suivre des gens et des hashtags, interagir avec des publications. Ce n’est qu’une fois que vous aurez rempli ces conditions que votre fil se remplira.

Votre fil, justement, ne répond qu’à un seul algorithme : vous. Pas de publications suggérées, pas de publications mises en avant. Juste les comptes auxquels vous êtes abonné, les messages classés dans l’ordre chronologique. Parfois vous vous connecterez et ne verrez rien de nouveau. D’autres fois il vous faudra une heure pour tout lire.

Une autre limite, liée cette fois-ci au Fédivers : certaines instances sont bannies d’office. En règle générale, les instances bien connues bannissent celles qui génèrent des contenus tels que le racisme, l’homophobie, la pédophilie etc. Ce qui est une sécurité pour tout le monde. Mais certaines instances en bannissent d’autres selon leurs propres critères qui ne sont pas forcément clairs. Et d’autres encore font le service minimum, ce qui laisse l’occasion, par exemple à des contenus pornographiques, d’être fédérés sur votre compte. Il vous appartiendra alors à vous seul de masquer tout le contenu provenant de ces instances.

L’occasion de rappeler que, comme tout réseau social, Mastodon est destiné en priorité aux adultes et qu’un mineur ne doit jamais être laissé seul sur internet, que ce soit sur ordinateur, tablette ou ordiphone.

Dans le même esprit, le réseau social Threads de Meta (Facebook) a pour ambition d’engloutir le Fédivers (qui représente une perte de revenus pour ces pauvres millionnaires). Si vous interagissez avec un compte fédéré du réseau Threads, Facebook aspirera vos données personnelles. Pensez donc à bloquer cette instance dès que vous la verrez 😉

Choisir son instance

Sauf si vous disposez d’une instance pour votre travail ou par le biais de votre association ou d’un groupe de potes, ou par votre fournisseur de solution Cloud, je vous recommande de choisir parmi les instances référencées sur le site de Mastodon.

Elles sont classées par langues et/ou par thématiques. Assez naturellement les instances anglophones sont beaucoup plus nombreuses. Mais en francophonie, vous trouverez des instances généralistes liées à des régions ou bien des instances centrées sur l’art, le vélotaf, ou le jeu vidéo.

Je vous recommande de prendre une instance géographiquement proche de vous. En France ou l’un des pays limitrophes (outre-manche compris). Ca sera beaucoup plus fluide, les données transiteront moins longtemps et si tout le monde le fait, c’est beaucoup plus écologique.

On commence à dire qu’il faudrait éviter l’instance mastodon.social qui est la plus grosse : c’est l’instance officielle tenue par les créateurs de Mastodon. Le fait qu’elle prenne une telle ampleur pourrait donner trop d’importance à toute initiative de ses administrateurs (genre invisibiliser une petite instance sur un coup de tête, pour des motifs non justifiables). C’est ce que font les réseaux sociaux publicitaires et qu’on ne veut pas reproduire ici.

Quant à la thématique, il faut savoir que cela n’affectera que votre fil « local » afin de faciliter les rencontres. Le fil « global » sera alimenté par les instances des comptes que vous suivez. Et votre fil « personnel » sera alimenté par les comptes que vous suivez.

Sachez enfin que vous pouvez changer d’instance quand vous voulez.

Y’a plus qu’à

Pour l’inscription, c’est juste en-dessous. Nom, mot de passe, adresse e-mail, instance d’accueil et zou !

Restera à choisir l’application qui vous conviendra. Sachez que Mastodon est disponible en version web et que cette version web peut s’installer sur l’écran d’accueil de votre tablette ou ordiphone. Commencez par là et ensuite, voyez si vous avez besoin d’une application « tierce » ; certaines proposent de gérer plusieurs comptes à la fois sur des réseaux sociaux différents. Prenez le temps de les explorer, ça vaut le coup !

Les plus populaires sont Tusky et Fedilab sur Android ou bien IceCubes sur iOS. L’application officielle Mastodon est à éviter pour les mêmes raisons que l’instance mastodon.social 😉


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