Nous sommes tous de potentiels lanceurs d’alerte. Nous pouvons tous, à un moment de notre vie, être témoins ou victimes de dérives sectaires, de détournements de fonds, de corruption, de pollution, de pratiques mafieuses, de harcèlement, ou plus globalement de pratiques qui nous paraissent illégales ou immorales mais qui ont pour caractéristique d’être protégées par des personnes puissantes, ou du moins influentes.
Posez-vous la question avant de vous déplacer à la gendarmerie ou au commissariat : quelles seront les conséquences pour vous et pour votre entourage ?
Avant même de prévenir les forces de l’ordre, ne devriez-vous pas protéger ce que vous savez et ce que vous détenez ? Ne serait-il pas plus prudent de prendre conseil et, pour ce faire, de devenir parfaitement anonyme ?
Vous l’aurez deviné, ce n’est pas en demandant à Google depuis votre téléphone portable que vous pourrez le faire.
Il va pour cela falloir user d’astuces et de stratégies pour éviter d’être pisté, reconnu, retrouvé. Heureusement ce n’est pas impossible, c’est même relativement facile, et il y a même des sites internet qui peuvent vous guider pas à pas.
A mon humble connaissance, le plus complet est le Wikilibriste qui suggère bon nombre d’outils permettant une anonymisation des plus complètes : messageries chiffrées, bloqueurs divers, deep web voire dark web… Tout est accessible. Et vous pourriez en avoir besoin un jour.
Mais pour que l’utilisation de ces différents outils puisse paraître banale, il faut qu’ils soient utilisés aussi par des personnes qui n’en ont pas besoin dans l’immédiat. Il faut que n’importe qui puisse utiliser ne serait-ce que les messagerie Signal ou Matrix sans être soupçonné d’être un espion ou un pédophile. Il faudrait que chaque internaute se rende sur le réseau Tor ne serait-ce qu’une fois par an même si c’est pour visiter des sites lambda.
Il faudrait également que tout le monde ait les moyens de chiffrer ses courriels, soit en utilisant des paires de clés, soit en optant pour une messagerie sécurisée du style Tuta ou (mieux) Protonmail.
Le but, c’est évidemment que l’utilisation de ces outils puisse être la plus banale possible de manière à ce que personne ne s’affole le jour où vous en avez vraiment besoin.
Si vous devez lancer une alerte ou accompagner quelqu’un qui doit le faire, il y a des journalistes spécialisés pour recueillir vos confidences. Citons Médiapart ou Blast ou encore Splann! pour les questions spécifiquement liées à l’économie bretonne. Et il y en a d’autres. Chaque fois, ils voudront que vous passiez par un mode de communication sécurisé. Alors ne tardez pas à vous entraîner 🙂
Si vous avez besoin d’aide, rapprochez-vous de l’ONG Nothing2Hide qui dispose d’un réseau international pour former et protéger lanceurs d’alerte, journalistes, militants et activistes.
Pensez-y. Vous n’avez peut-être pas l’étoffe d’un Edward Snowden ou d’une Irène Frachon. Mais rappelez-vous que les multinationales sont plus puissantes que vous et que l’état français ne reconnaît pas, dans sa loi sur la protection des lanceurs d’alerte, ceux qui révèlent des documents relevant du secret défense. A vous de juger s’il vaut mieux envoyer un mail via GMail à la gendarmerie ou s’il vaut mieux jouer la sécurité la plus totale dans un premier temps.
Et encore une fois, pour que votre apparition inopinée sur un réseau sécurisé paraisse banale, il faut que vous l’utilisiez de temps en temps, même pour ne rien faire.