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La solution LibreOffice

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Parmi les plus gros et les plus beaux projets de logiciel libre, Libre Office tient une place toute particulière. C’est un monstre tant par le nombre de lignes de codes qu’il contient que par la qualité du travail des designers et traducteurs qui y participent. Se dire qu’il existe un tel logiciel avec une communauté si investie est une bonne raison de croire que l’humanité n’est pas perdue 😉

Petit tour d’horizon

Open Office ou Libre Office ?

Pour certains, la différence n’est pas nette et la confusion règne. D’autant qu’Open Office bénéficie d’une faveur historique. Pour bien saisir la différence entre ces deux projets, il est important de rappeler leur histoire commune.

À l’origine, il y a StarOffice, une suite bureautique développée en Allemagne à la fin des années 90, dans le but de pénétrer un marché largement dominé par Microsoft avec Word, Excel, Power Point et tout ce qui constitue la suite bureautique Microsoft Office. Lorsque StarOffice est acquis par Sun Microsystem, ce dernier décide de rendre le code public afin d’encourager les communautés de développeurs à s’impliquer dans l’amélioration du logiciel. On dit qu’il est devenu « open-source » et le nom « OpenOffice.org » remplace bientôt celui de StarOffice.

Cette stratégie permet de gagner des parts de marché grâce à la distribution gratuite et communautaire. L’emploi des licences libres permet au projet de s’intégrer plus rapidement à tous types d’ordinateurs (Windows, MacOS, Linux, Solaris etc.) et la définition des standards dit « ouverts » pour les formats des fichiers (.odt .ods etc.) rendent OpenOffice incontournable. Microsoft ne tarde d’ailleurs pas à modifier son propre code afin de moderniser sa suite qui ronronnait, se reposant sur son monopole (passage de .doc à .docx par exemple).

En 2010, Oracle rachète Sun Microsystem et décide assez rapidement d’abandonner certaines des licences libres. La communauté des développeurs voyant cela d’un mauvais œil décide de fonder The Document Foundation, une fondation dont le but, non lucratif, est de coordonner le développement d’OpenOffice. Mais Oracle refusant de céder du terrain, The Document Foundation décide de partir de la dernière version entièrement libre d’OpenOffice et de bâtir un nouveau projet, nommé LibreOffice.

Les deux suites coexistent toujours, à ceci près que LibreOffice dispose d’une communauté hyperactive, capable de travailler dans 120 langues et bénéficiant des largesses d’un nombre croissant de mécènes et donateurs. De son côté, OpenOffice a été abandonné par Oracle et a intégré l’incubateur de projets de la fondation Apache où il est maintenu sous perfusion à l’occasion de quelques corrections de bugs sans qu’une nouvelle version majeure ne soit actuellement prévue.

Logo de la suite de logiciels Libre Office
S’il ne doit en rester qu’un, choisissez celui-là

Écrire, compter, dessiner… impressionner

LibreOffice (puisqu’on ne va plus parler que de lui maintenant) est composé de 6 logiciels qui partagent une base commune mais qui peuvent tous être utilisés les uns sans les autres.

Writer

Le traitement de texte fait à peu près la même chose que Word, à ceci près qu’il se plie aux standards des formats ouverts. Cela empêche quelques folies possibles dans Word, mais cela garantit que tout document produit s’affichera de la même manière dans tout logiciel respectant le format Open Document. L’export de fichiers en PDF est une fonction native et le résultat est garanti, là encore, par le format Open Document.

Calc

La feuille de calcul, style tableur, est l’équivalent d’Excel dont il comprend les formules mais propose aussi les siennes, en référence là encore au format Open Document qui assure l’interopérabilité de tous les travaux réalisés. Tableaux, graphiques, calculs, tableaux croisés dynamiques… L’aide en ligne et la (très riche) documentation disponible en français vous permettront de répondre à vos besoins.

Base

Si le tableur est trop limité pour un grand nombre de données à traiter et à analyser, alors l’étape suivante se trouve dans la gestion de base de données. Équivalent d’Access, vous pouvez créer vos propres bases de données, les remplir, les exporter et utiliser tous les outils mis à disposition pour effectuer des opérations parmi les plus complexes. Et toujours dans une optique d’interopérabilité, il est possible d’exporter vos bases de données dans d’autres formats pour les intégrer dans d’autres logiciels, y compris des sites internet.

Draw

Celui-ci est un peu une chimère. Il y a des logiciels bien mieux pour faire du dessin vectoriel (au hasard : Inkscape) ; et d’autres bien mieux pour faire de la publication (et le milieu du logiciel libre est assez pauvre dans ce domaine même si Scribus suscite de nombreux espoirs). Draw essaie de combiner les deux pour rendre le tout accessible. Il est facile de réaliser des mises en page assez sommaires, avec intégration d’images, de cadres, gestion de la transparence et l’insertion de texte couplée au correcteur d’orthographe. Draw occupe une place assez complexe et mal-aimée, tout comme son équivalent privé, Publisher, qui est amené à disparaître de la suite de Microsoft.

Impress

Cessez de dire « un Power Point » quand on vous fait une présentation de diaporama numérique. Lorsqu’une marque devient le nom commun pour désigner une chose, la bataille tourne à la faveur de l’ennemi 😉 Tout cela pour dire que voici votre logiciel pour faire des diaporamas, présentations, faire bonne impression devant votre patron, ajouter des animations rigolotes et des sons inutiles pour envoyer des blagues aux collègues de boulot.

Math

Logiciel très spécifique puisqu’il est dédié à l’utilisation de la syntaxe LaTeX qui permet d’écrire des formules mathématiques de haut niveau. L’interface est pensée pour faciliter l’écriture de formules. Celles-ci peuvent ensuite être exportées telles quelles ou bien intégrées dans tout autre document créé dans LibreOffice.

C’est gratuit tout ça ?

Il faut se rendre compte de l’ampleur de la chose. Cette suite de logiciels couvre tous vos besoins tant personnels que professionnels à l’exception de la retouche d’images, de vidéos et la PAO. Vous pouvez littéralement gagner votre vie en ne travaillant qu’avec LibreOffice. Vous pouvez vous amuser à écrire, à tester des combinaisons de formules improbables, vous initier à la gestion de bases de données. Vous pouvez écrire vos courriers, vos CV… Vous pouvez faire votre comptabilité analytique, gérer vos stocks, pointer vos heures de présence, assurer le suivi de vos dossiers, travailler à plusieurs en même temps sur un même document…

Tout ça sans être obligé de débourser le moindre centime.

C’est là.

C’est pour vous.

Servez-vous et reprenez-en si vous voulez.

A côté de ça, Microsoft Office ne fonctionne plus sur vos appareils mais sur les serveurs de Microsoft qui s’accapare tout ce que vous écrivez et vous force à payer un abonnement pour supporter la présence d’une IA dont vous n’avez pas besoin. Sinon, il vous oblige à regarder de la publicité pendant que vous travaillez. Pour avoir quoi de plus ? Des effets de blur autour de vos textes ou des Word Arts en 3D hérités de Windows 95 ?

Gardez vos sous et téléchargez LibreOffice. Et s’il vous aide à en gagner un petit peu, pensez à participer à son développement. Même 10€ par an c’est bien. Chez LibreOffice, il n’y a pas de milliardaires insatiables qui attendent que vous sortiez la carte de crédit. Juste des gens passionnés qui se mettent au travail si on leur en donne les moyens.

Les différentes versions

Pour votre ordinateur de bureau, il suffit de vous rendre sur le site officiel et de télécharger la dernière version. Si vous êtes sous Linux, pensez d’abord à regarder dans les dépôts de votre distribution. Si vous tournez sous Debian, vous aurez peut-être une version un peu plus ancienne mais qui fonctionne bien. C’est sûrement mieux qu’une version récente installée depuis Snap et qui monopolise les ressources de votre machine.

Pour les tablettes et ordiphones, à considérer que c’est utile d’avoir une suite bureautique sur écran tactile, il y a Collabora Office qui est disponible pour Android. Il s’agit d’un « fork » de LibreOffice édité par la société Collabora, et qui est libre lui aussi. Il a juste intégré quelques spécificités qui n’ont pas leur place dans le logiciel de base.

Si votre souci sur ordiphone ou tablette est simplement de lire des documents sans forcément les modifier, alors la liseuse Libre Office Viewer devrait vous convenir : elle lit quasiment tous les formats (sauf PDF).

Si vous avez un iPhone ou un iPad, désolé pour vous, il faudra payer. Ou participer au développement de l’application pour les appareils Apple si le cœur vous en dit…


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